Mais on parle de moi…! Interview réalisée pour Superprof

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Ce n’est pas nous qui dirons le contraire : le français est une matière qui déchaîne les passions.

De par ses évolutions récentes notamment. Comment ne pas évoquer cette aberration qu’est le langage SMS par exemple et la fracture qu’il représente à lui seul entre ses utilisateurs et les autres ?

Mais cela commence à l’école, en cours de français. Il y a ceux qui blâment l’Académie Française pour toutes ces règles grammaticales d’une complexité sans nom. Et les autres, qui s’en amusent et virevoltent de commentaires de texte en dissertations.

Aussi passionnant que difficile donc.

Mais pour passer du stade « difficile » à celui de « passionnant », cela ne tient parfois qu’à une seule chose. A une personne même : un bon prof de français !

Ce que semble tout à fait être Sarah, notre Superprof du jour, dont le témoignage émouvant vous donnera sans doute envie d’écrire des lignes et des lignes vous aussi…

Bonjour Sarah, pouvez-vous nous présenter votre parcours de professeur de français s’il vous plaît ?

C’est après 35 années de brouhahas parisiens que j’ai décidé de quitter la capitale pour m’établir dans la si belle ville de Nîmes. Professeur certifié de Lettres modernes et titulaire d’un DEA sur la Poétique du corps chez Albert Camus, j’ai consacré 10 années à l’enseignement au sein d’établissements très différents, ma carrière m’ayant menée de Mantes-la-jolie à Passy, en somme de la banlieue défavorisée aux quartiers privilégiés de Paris !

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Installée depuis 2 ans à Nîmes, je travaille désormais en tant que prof de français indépendant (et de philosophie), sous le statut d’auto-entrepreneur. J’écris le matin et je retrouve mes élèves l’après-midi, à mon domicile, en cours particuliers de français ou en cours collectifs.

Depuis quand développez­-vous une passion pour les cours de français ?

Il me semble être passionnée par l’écriture et la lecture depuis toujours, du moins depuis que je sais lire !

Vous souvenez­-vous de ce qui a déclenché cette passion pour la langue française ?

Je ne me souviens pas précisément de ce qui a déclenché cette passion pour la langue de Molière…

Elle a sans aucun doute été nourrie par mon environnement familial : un père professeur de Lettres, des livres dans chaque pièce… J’ai également été marquée par une excellente prof de français, en classe de quatrième. Elle nous avait fait étudier La Peste, d’Albert Camus. Je me souviens avoir longuement réfléchi au sujet de cette citation : « Le mal vient toujours de l’ignorance.«

Autre souvenir d’enfance : de longues heures passées à lire, enfermée dans ma chambre, coupée du monde, mais en conversation silencieuse avec mes auteurs favoris.

Qu’est­-ce que le français apporte de positif aux gens qui l’étudient ?

Les mots, ça console pas… Comme dirait Cohen. Mais cela sert tout de même !

Ce que l’enseignement de la littérature apporte à ceux qui l’étudient ? La culture, la réflexion, l’ouverture sur le monde, sur soi également. Le plaisir, tout simplement.

Avez-­vous un « héros » qui symboliserait votre matière ?

Comment progresser en orthographe ?Le fameux mythe de Sisyphe qui plaît tant à Sarah et de cette pierre qu’il est condamné à faire rouler éternellement…

Sisyphe pourrait être un héros symbolisant ma matière ! Lycéens, ne vous découragez pas : il faut imaginer Sisyphe heureux !

Qu’appréciez­-vous dans l’apprentissage du français à des élèves ?

L’enseignement est avant tout pour moi l’occasion de partager ma passion de la lecture.

Enseigner la littérature me permet de vivre de ma passion, chaque jour. J’estime donc avoir beaucoup de chance. Je tâche de varier les textes étudiés le plus possible afin de profiter du plaisir de la découverte en même temps que mes élèves !

Quel sont les profils de vos élèves en cours de langue française ?

Mes élèves ont entre 11 et 75 ans précisément !

Certains suivent des cours de grammaire, d’autres viennent pour des cours de FLE (cours de Français Langue Étrangère) ou des ateliers d’écriture. Mais la majorité de mes étudiants ont 17 ans et viennent pour exceller au bac français !

Quelle doit être l’attitude d’un élève qui veut progresser, selon vous ?

Soyons honnêtes, pour obtenir de bons résultats au Bac, il faut travailler. Orthographe, grammaire, conjugaison, vocabulaire…

Contrairement à ce que l’on pense, la littérature, l’étude stylistique des textes, la rédaction de commentaires, cela s’apprend ! Un travail régulier associé à des cours de culture générale est indispensable.

Quelles sont les principales difficultés à surmonter pour apprendre le français comme il se doit ?

De réelles difficultés ? Il n’y en a pas.

J’ai vu des élèves aux profils très différents obtenir d’excellents résultats. L’ essentiel est de leur (re)donner confiance et de développer en eux – peu à peu – le goût de la littérature… et – le plus ! – de l’écriture.

Qu’est-­ce qui fait de vous un « Superprof » ?

Quels sont les plus grands écrivains français ?Découvrez le plaisir de la lecture avec Sarah !

Lorsque j’enseignais en classe entière, il me semble que les élèves appréciaient surtout ma bonne humeur, mon enthousiasme et mon sens de la justice… Si précieux pour les jeunes lycéens !

Bienveillance pour certains, respect pour d’autres, peu importe le mot utilisé. L’écoute, peut-être ? Voilà aussi pourquoi j’ai rapidement souhaité mettre en place des ateliers d’écriture en classe, et quitter le rôle traditionnel de l’enseignant censé évaluer, noter, sanctionner. Il s’agissait de faire comprendre à mes élèves que, loin d’être un instrument de domination, la littérature est avant tout le moyen d’une libération.

Finie l’angoisse du hors-sujet et de la faute de syntaxe. Un seul objectif : trouver le chemin de sa propre écriture, croire qu’il est encore possible, malgré les monstres classiques intimidant nos plumes, de créer, d’innover, et de se régaler. Je souhaitais que mes élèves aient conscience que la littérature était au cœur de chacun d’entre eux et je crois pouvoir dire que le pari a été relevé.

Aujourd’hui, ces anciens élèves devenus adultes, toujours animés par le désir d’écrire et d’être lus, m’envoient leurs récits et poursuivent ainsi à leur façon les premiers ateliers que nous avions mis en place ensemble.

Avez-vous des anecdotes en rapport avec votre enseignement du français ?

Des anecdotes ? Bien sûr… Où piocher ?

Côté banlieue parisienne pour mon premier cours (le fameux) : « Euh ! M’dame !! C’est vous la stagiaire ?? Pouaa, t’as quel âge ? » Ou du côté plus huppé : « Mais vous enseignez Albert Camus à mon fils ? C’est un auteur athée enfin !« .

Partons plutôt du côté de l’émotion : la première lettre – oui oui, lettre manuscrite – d’une grand-mère d’un élève de cette fameuse banlieue, reçue en fin d’année scolaire : « Vous avez été une fenêtre ouverte sur le monde pour mon petit-fils… Tâchez de ne jamais la refermer.«