Maupassant

MAUPASSANT 

1) Premier point à retenir : la langue avant tout !

Maupassant est l’héritier de Flaubert qui écrit à Louis Colet :

« Ce qui me semble beau, ce que je voudrais faire, c’est un livre sur rien, un livre sans attache extérieure, qui se tiendrait de lui-même par la force interne de son style, comme la terre sans être soutenue se tient en l’air, un livre qui n’aurait presque pas de sujet ou du moins où le sujet serait presque invisible, si cela se peut. Les œuvres les plus belles sont celles où il y a le moins de matière. […] C’est pour cela qu’il n’y a ni beaux ni vilains sujets et qu’on pourrait presque établir comme axiome, en se plaçant au point de vue de l’Art pur, qu’il n’y en a aucun, le style étant à lui seul une manière absolue de voir les choses. »

(Flaubert, À Louise Colet, 16 janvier 1852)

Selon Flaubert, tout comme Maupassant, c’est donc par le labeur, le travail sur le style, mais aussi par la nécessité de l’observation que s’acquiert originalité d’une oeuvre.

Conséquences :

  1. L’intrigue passe au second plan.
  2. Le laid, le mal, peuvent être la source d’une oeuvre.
  3. Rejeter tout effet gratuit, toute virtuosité stylistique.  » Trouver le mot juste ». 
  4. L’impersonnalité dans l’oeuvre d’art : l’écrivain n’est chargé d’aucune mission morale ou didactique.Dc: effacement du narrateur et focalisation interne.

“Quelle que soit la chose qu’on veut dire, il n’y a qu’un mot pour l’exprimer, qu’un verbe pour l’animer et qu’un adjectif pour la qualifier. Il faut donc chercher, jusqu’à ce qu’on les ait découverts, ce mot, ce verbe et cet adjectif, et ne jamais se contenter de l’à-peu-près, ne jamais avoir recours à des supercheries, même heureuses, à des clowneries de langage pour éviter la difficulté. On peut traduire et indiquer les choses les plus subtiles en appliquant ce vers de Boileau :

“D’un mot mis en sa place enseigna le pouvoir. “

Maupassant préface Pierre et Jean

 

Maupassant
Maupassant

2) Maupassant et la naturalisme : points communs

– Zola, Le roman expérimental, 1880 : né d’un rejet du romantisme, le naturalisme prône la quête du vrai. Le roman nat. n’a pas pour but de faire rêver, ni d’émouvoir par une langue précieuse, il est censé reproduire le réel, sans l’idéaliser. L’objectif est de faire comprendre au lecteur le sens caché de la réalité, en dégageant notamment l’enchaînement des causes et des effets événements banals, ordinaires. Il se fonde alors sur l’observation.

Le romancier doit donc éviter toute explication psychologique : c’est par leurs seuls actes, et non par un commentaire du narrateur, que la psychologie des personnages s’exprimera. 

3) Maupassant et la naturalisme : écarts

Pour Zola, le roman est un moyen d’enquêter sur le déterminisme social et familial expliquant le comportement des hommes. Il s’intéresse surtout à la place de l’hérédité. Influence de C.Bernard, biologiste. Tel un scientifique, Zola place un personnage dans un contexte bien défini et tâche d’en tirer des conséquences.

Or, toutes ces analyses doivent aboutir sur une prise de conscience et sur une action politique. Le roman chez Zola a donc une mission didactique, morale et politique. La forme passe après les idées. Or chez Maupassant, le style est essentiel. 

 

4) Le pessimisme de Maupassant 

On le voit bien dans Bel Ami, Maupassant peint la société du XIXème comme un monde corrompu, dénué de scrupule, gouverné par l’argent et la loi du marché, emprisonné dans le matérialisme, la bêtise et le mauvais goût.

C’est d’ailleurs ce pessimisme qui l’empêche de s’engager ds la lutte politique, tel que Zola le fait.

Cette vision du monde est influencée par celle de Schopenhauer (1788-1860) (“Le monde comme volonté”,“pensées”, “maximes” “fragments”), philosophe allemand, traduit en France en 1880. Selon Schpenhauer, le monde est animé par un vouloir-vivre qui fait le malheur de l’humanité. L’homme est promis à la mort dès sa naissance. L’existence n’est qu’une illusion de vie. Le tragique de l’homme réside dans sa volonté de vivre malgré tout, alors que la vie n’apporte que déception.

Selon le philosophe, trois issues nous sont offertes (ouf!) pour lutter contre ce vouloir vivre : l’ascèse (privations) pour s’affranchir du désir, la compassion pour se dévouer au malheur universel et oublier le nôtre, l’art qui comble notre désir de beauté: la contemplation esthétique nous délivrerait de tout autre désir.

Dans Bel Ami, l’écrivain Norbert de Varenne correspond à ce pessimisme et se montre même nihiliste: “vivre enfin, c’est mourir!” (aucune valeur). Hanté par la mort.Voir le commentaire composé : ici

 

Des adaptions d’oeuvres de Maupassant à voir sur le site de l’INA !

http://www.ina.fr/playlist-audio-video/302636