« J’ai toujours eu l’impression de vivre en haute mer, menacé, au coeur d’un bonheur royal. »
Le 4 janvier 1960, Albert Camus, prix Nobel de littérature, se tuait en voiture.
L’occasion de relire Noces. Plus qu’une oeuvre de jeunesse, cet essai doit être perçu comme un texte majeur. L’antagonisme des deux thèmes fondateurs de la pensée de Camus, ce midi et ce minuit, s’y expose déjà. Le soleil doit être partagé avec la misère : le prix à payer de la présence au monde est le tragique. La faille est déjà ouverte d’où va surgir l’absurde.
Juillet 1939, deux mois après la publication de Noces, Camus écrit dans Alger Républicain : » Des hommes que la terre suffit à contenter doivent savoir payer leur joie et leur lucidité et, fuyant le bonheur illusoire des anges, accepter de n’aimer que ce qui doit mourir « .